
Let My People Go est, pour sûr, un pur gospel du patrimoine de l’art afro-américain. Archie Shepp l’a déjà enregistré au moins deux fois : en 1977, avec le pianiste Horace Parlan, et bien avant, à Paris, en pleine période free free, avec Jeanne Lee (Blasé, 1969). M’enfin ! le grand Archie ne saurait “revenir au gospel” ! Il en vient ! Pas du tout “accompagné” (quelle triste idée des duos d’Archie) par Jason Moran (carrière connue). Non : double voix amoureusement diffractée en deux voies indémêlables, saxophone ou voix et piano, pure épure du son et de la pensée, gospels, blues, standards, tous au cœur nucléaire du concept révolutionnaire cher à Archie Shepp. Une quarantaine d’années entre les deux artistes, Shepp (Fort Lauderdale, 1937) et Jason Moran (Houston, Texas, 1975) ? Le temps ne fait rien à l’affaire. Quand Monsieur Shepp chante, c’est la voix noire qui entre dans l’histoire en majesté. Diction, scansion, cri… un incroyable moment de l’histoire de l’humanité.
Chanteuse tout terrain, collectionneuse buissonnière de sources, formes et styles, vieilles chansons populaires, folk louisianais, zydeco, cajun, blues ou fulgurances improvisées, Marion Rampal fait feu de tous sons. Aux côtés de Shepp, elle ne s’approprie rien, mais célèbre humblement ce qu’il lui propose de chanter. C’est tout elle. Elle vient de publier un splendide album, Tissé, façon poètes-troubadours anarchistes.
Francis Marmande.
Samedi 16 juillet 2022 à 20h30.
TarifsPlein tarif : 37 €.