Mystérieux endroit que ce site perché de Saint-Victor. Peut-on encore parler de village, alors que ne subsistent autour de l'église que trois maisons, la mairie, l'école et le presbytère, toutes désaffectées au cours du XXe siècle ? Inaccessible aux voitures, l'endroit s'est au cours du siècle dernier vidé de la vie publique qu'il l'animait jusqu'alors au profit d'Aleix, hameau situé à quelque cinq cents mètres à l'est. C'est justement depuis Aleix qu'un petit circuit de randonnée très ombragé de 2,7 km vous invite à suivre les pas des écoliers de la commune qui gravissaient naguère l'éperon rocheux sur lequel trône Saint-Victor. Vous serez guidés par un chemin de croix conçu dans les années 1960 par le curé lui-même à l'aide de matériaux qu'il a trouvés sur place. Au sommet du petit puy enserré presque entièrement par un ruisseau, noyé dans une verdure épaisse, vous serez immanquablement saisi d'un agréable sentiment d'isolement. La campagne alentour s'y dévoile dans toute sa beauté sereine. Et pourtant vous ne serez pas seul(e). Depuis 2015, trois moines bénédictins ont réinsufflé la vie à ce site pittoresque, et la petite église dédiée à saint Victor de Marseille a retrouvé sa vocation de lieu de prière. Mais la présence des ermites ne vous empêchera pas de découvrir ce si charmant sanctuaire d'époque romane, soigneusement entretenu. D'une sobriété parfaitement appropriée au lieu qu'elle occupe, l'église est constituée d'une courte nef couverte d'un plafond de bois et qui s'achève par une abside en cul-de-four. La façade est à l'avenant, nue et surmontée d'un clocher-peigne, comme il se doit dans le Cantal. Un beau retable du XVIIIe siècle consacré à Notre-Dame-des-Sept-Douleurs occupe la chapelle latérale. Chaque année, le troisième dimanche de septembre, la Vierge fait d'ailleurs l'objet d'un pèlerinage qui s'élance d'Aleix pour rejoindre cette petite chapelle. Cela dit, n'attendez pas que l'automne s'installe pour satisfaire votre curiosité : Saint-Victor s'avère plein de charme été comme hiver...
